samedi 20 septembre 2008


Voici un petit texte extrait de Critique de la société de l'indistinction.


Si pour les Juifs et les Musulmans, Dieu est le Tout-Puissant législateur des accomplissements irrévocables, il est évident que la relation entre l'humain et le divin ne peut se concevoir qu'en termes d'obéissance du premier envers le second, dans le ritualisme et le juridisme des prescriptions contractuelles de la "communauté de loi" dont le territoire mental est l'intouchable enfermement de l'homme dans la clôture anti-critique du cercle définitivement fixé par les pré-définitions de l'accompli et de l'in-accompli.(...)

L'islam dérive du judaïsme par le biais de cénacles judéo-nazaréens qui refusèrent tout à la fois de demeurer dans la mouvance judaïque classique et d'adopter les positions les plus radicales du christianisme en voulant simplement réduire Jésus à un Messie juif de domination terrestre qui annonçait la reconstruction du Temple et la puissance à venir d'une nouvelle souveraineté de La Loi.

Héritiers de la théologie judéo-nazaréenne qui ne put que décliner à mesure que la fracture juifs/chrétiens déployait son inconciliabilité absolue, les textes proto-musulmans qui après de multiples sélections compilatives mais décousues ont en dernier ressort abouti au Coran n'ont fait qu'arabiser en le simplifiant et l'abrégeant le corpus des prescriptions traditionelles du messianisme juif en transformant les vieux commandements de la Torah en nouvelles injonctions prophétiques.

Le djihâd en tant que sainte guerre ordonnée contre les impies et les mécréants n'est là pas autre chose que l'adaptation coranique du concept juif de mil'hémet mitswa et si la femme pieuse musulmane doit cacher sa chevelure sous un voile c'est bien parce que la femme juive pieuse doit cacher, elle, la sienne sous une perruque.

La pensée juive n'a jamais pardonné à la contestation christique d'avoir mis en pièces la mythologie tribaliste du "peuple élu" et d'avoir annoncé la révolution de l'universelle élection de chaque être humain à la totalité humaine de l'être. (...)

Dans la littérature rabbinique, et notamment suivant ce qui est habituellement dénommé Toledoth Yeshuh, il est enseigné que Jésus n'est qu'"un impie, un bâtard, un sorcier, un fils de prostituée, qui bout heureusement en enfer". La langage qui y est employé marque bien la rage de la lutte de classe existante alors entre le pouvoir du Temple et ce que ses représentants désignaient eux-mêmes comme des "vauriens et des rebelles à la Thora".

Pour bien marquer l'opposition sociale radicale entre la pensée révolutionnaire christique et les prêtres du Temple de Jérusalem, il convient de signaler la manipulation linguistique par laquelle le discours rabbanite ne parle de Jésus que sous le sobriquet de Yeshu qui signifie métaphoriquement "que son nom et sa mémoire disparaissent" alors que le nom exact de ce dernier est Yeshua, ce qui veut dire tout au contraire "c'est par ce nom que le Divin sauve".

Les Arabes chrétiens, nombreux avant la conquête musulmane, appelaient d'ailleurs Jésus Yasû, correspondant fidèle de Yeshua. Le Coran, lui, le reconnaît uniquement sous le nom indistinct et banalisant de Îsâ qui ne veut rien dire en arabe, ceci afin de le ramener à un simple prophète parmi les autres, censé seulement préparer la venue décisive de Mahomet recueillant l'Ecriture de la soumission nécessaire à la vraie Loi.

La revendication musulmane à remplacer Israël en tant que "Peuple Elu" va ainsi de pair avec la prétention à lui reprendre l'Alliance du contrat abrahamique qu'il a dénaturé selon le Coran.