vendredi 21 novembre 2008

lundi 27 octobre 2008

Indigènes et "maroquinages" : le grand mensonge ?


"Il fallait faire ce film, c'est un témoignage bouleversant sur une période méconnue de l'histoire commune entre l'Algérie et la France qu'il fallait montrer", a affirmé le comédien Mohamed Benaïssa. Tellement bouleversant que Jacques Chirac lui-même en a été ému.
Faux et bouleversant ! Tellement faux qu’on y croirait… Emouvant, peut-être. Mais il s’agit là d’un film qui falsifie l’histoire ! Facile à falsifier, car, comme le reconnaît si bien Mohamed Benaïssa, il s’agit d’une période fort peu et fort mal connue !
L’histoire vraie de la libération de l’Italie est effectivement (aussi) liée au corps expéditionnaire français composé d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens et de Sénégalais.
Cette vraie histoire débute en Sicile. C’est Mariangela Profeta Fiore, réfugiée à Montegrande (au sud de la route nationale Licata-Gela) qui rapporte des premiers kidnappings de jeunes femmes italiennes par des Marocains qui « les considéraient leur butin de guerre et les emmenaient en ricanant et en les traitant de tous les noms, comme des prostituées. » Le deuxième (lourd) épisode on le retrouve à Capizza, entre Nicosia et Troina: ici les Nord-africains se donnèrent à plusieurs viols collectifs.

Suite

vendredi 3 octobre 2008

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans noeud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !

Victor Hugo

samedi 20 septembre 2008


Voici un petit texte extrait de Critique de la société de l'indistinction.


Si pour les Juifs et les Musulmans, Dieu est le Tout-Puissant législateur des accomplissements irrévocables, il est évident que la relation entre l'humain et le divin ne peut se concevoir qu'en termes d'obéissance du premier envers le second, dans le ritualisme et le juridisme des prescriptions contractuelles de la "communauté de loi" dont le territoire mental est l'intouchable enfermement de l'homme dans la clôture anti-critique du cercle définitivement fixé par les pré-définitions de l'accompli et de l'in-accompli.(...)

L'islam dérive du judaïsme par le biais de cénacles judéo-nazaréens qui refusèrent tout à la fois de demeurer dans la mouvance judaïque classique et d'adopter les positions les plus radicales du christianisme en voulant simplement réduire Jésus à un Messie juif de domination terrestre qui annonçait la reconstruction du Temple et la puissance à venir d'une nouvelle souveraineté de La Loi.

Héritiers de la théologie judéo-nazaréenne qui ne put que décliner à mesure que la fracture juifs/chrétiens déployait son inconciliabilité absolue, les textes proto-musulmans qui après de multiples sélections compilatives mais décousues ont en dernier ressort abouti au Coran n'ont fait qu'arabiser en le simplifiant et l'abrégeant le corpus des prescriptions traditionelles du messianisme juif en transformant les vieux commandements de la Torah en nouvelles injonctions prophétiques.

Le djihâd en tant que sainte guerre ordonnée contre les impies et les mécréants n'est là pas autre chose que l'adaptation coranique du concept juif de mil'hémet mitswa et si la femme pieuse musulmane doit cacher sa chevelure sous un voile c'est bien parce que la femme juive pieuse doit cacher, elle, la sienne sous une perruque.

La pensée juive n'a jamais pardonné à la contestation christique d'avoir mis en pièces la mythologie tribaliste du "peuple élu" et d'avoir annoncé la révolution de l'universelle élection de chaque être humain à la totalité humaine de l'être. (...)

Dans la littérature rabbinique, et notamment suivant ce qui est habituellement dénommé Toledoth Yeshuh, il est enseigné que Jésus n'est qu'"un impie, un bâtard, un sorcier, un fils de prostituée, qui bout heureusement en enfer". La langage qui y est employé marque bien la rage de la lutte de classe existante alors entre le pouvoir du Temple et ce que ses représentants désignaient eux-mêmes comme des "vauriens et des rebelles à la Thora".

Pour bien marquer l'opposition sociale radicale entre la pensée révolutionnaire christique et les prêtres du Temple de Jérusalem, il convient de signaler la manipulation linguistique par laquelle le discours rabbanite ne parle de Jésus que sous le sobriquet de Yeshu qui signifie métaphoriquement "que son nom et sa mémoire disparaissent" alors que le nom exact de ce dernier est Yeshua, ce qui veut dire tout au contraire "c'est par ce nom que le Divin sauve".

Les Arabes chrétiens, nombreux avant la conquête musulmane, appelaient d'ailleurs Jésus Yasû, correspondant fidèle de Yeshua. Le Coran, lui, le reconnaît uniquement sous le nom indistinct et banalisant de Îsâ qui ne veut rien dire en arabe, ceci afin de le ramener à un simple prophète parmi les autres, censé seulement préparer la venue décisive de Mahomet recueillant l'Ecriture de la soumission nécessaire à la vraie Loi.

La revendication musulmane à remplacer Israël en tant que "Peuple Elu" va ainsi de pair avec la prétention à lui reprendre l'Alliance du contrat abrahamique qu'il a dénaturé selon le Coran.

samedi 7 juin 2008

Code des Lansquenets

1. Tout déserteur face à l'ennemi sera abattu par ses camarades ; la désertion en campagne est punie par l'exécution capitale.
2. Aucun incendie ou pillage ne peut avoir lieu sans ordre.
3. Les femmes, les enfants, tes personnes âgées, les prêtres et les églises sont placés hors de la guerre.
4. Nul ne peut opérer de réquisition en pays allié, sauf contre rétribution.
5. Les attroupements sont interdits, sauf sur ordre.
6. Les mutineries doivent être dénoncées.
7. Le contrat reste valide même en cas de retard de solde, pourvu qu'il soit raisonnable et n'excède pas deux semaines.
8. La camaraderie est de rigueur.
9. Le jeu et la boisson ne doivent pas empiéter sur le service.
10. Tout témoin passif d'une rixe est considéré comme complice.
11. Tout témoin qui a prononcé des semonces et a abattu un coupable ne sera pas poursuivi.
12. Le nom de Dieu ne doit pas être blasphémé.
13. Le soldat doit fréquenter l'office religieux.
14. Une désobéissance aux ordres constitue un crime.

L'impérialisme yankee par Carl Schmitt

Ci-dessous deux textes de Carl Schmitt, très éclairants sur l'aspect juridique de la politique américaine, et d'autant plus époustouflants (je ne mâche pas mes mots) qu'ils datent respectivement de 1925 et de 1943!

De l'annexion au contrôle: nouvelle stratégie de domination

La vieille méthode européenne continentale de l’annexion politique, telle qu’elle s’est présentée par exemple avec le combat pour l’Alsace-Lorraine, est du point de vue de la politique mondiale moderne devenue une chose passablement démodée. A l’époque de l’impérialisme, d’autres formes de domination sont apparues qui évitent une soumission politique ouverte, laissent se perpétuer l’existence étatique du pays qu’il s’agit de dominer, et créent même, quand c’est nécessaire, un nouvel État indépendant dont on proclame expressément la liberté et la souveraineté, de sorte que se produit en apparence le contraire de ce que l’on pourrait qualifier d’abaissement d’un peuple au rang d’objet de la politique étrangère. […]

Mais ce qui est caractéristique, c’est le développement d’une forme juridique de domination qui consiste dans la combinaison d’un droit d’occupation et d’un droit d’intervention. Le droit d’intervention signifie que l’État intervenant décide de certaines notions indéterminées, mais fondamentales pour l’existence politique d’un autre État, comme la protection des intérêts étrangers, la protection de l’indépendance, l’ordre public et la sécurité, l’observance des conventions internationales, etc. Quant aux droits d’intervention, il faut toujours prendre en considération que, du fait même de l’indétermination de toutes ces notions, la puissance dominante décide en fait à son gré et garde ainsi en main l’existence politique de l’État contrôlé. […]

Pour comprendre la signification de ces méthodes nouvelles en évitant l’annexion politique ouverte ou le rattachement, nous devons tout d’abord nous demander quel est l’intérêt qui empêche l’annexion par la puissance régnante. L’intérêt le plus évident est extrêmement clair et simple : il faut empêcher que la population du territoire dominé puisse acquérir la nationalité de l’État dominant. Cet intérêt de maintenir à l’écart de nouveaux citoyens jugés indésirables montre combien la situation a changé au cours du XIXe siècle. Dans l’ancienne politique européenne, on pensait généralement qu’un accroissement de population équivalait à un surcroît de puissance. C’était encore le cas à l’époque de la politique de cabinet et des gouvernements absolutistes. Mais une Constitution démocratique contraint les États à la prudence pour ce qui est d’un accroissement de population, car on ne peut naturellement pas conférer les mêmes droits civiques à n’importe quelle population. Dans les États purement nationaux ou nés du principe de nationalité, des populations de nationalité étrangère ne sont le plus souvent pas du tout souhaitées. C’est à un degré beaucoup plus fort encore que cette tendance à se protéger des étrangers se manifeste dans un État impérialiste. Car un tel État veut dominer économiquement le monde, mais évidemment pas intéresser les autres aux gains de cette domination. D’autres raisons encore viennent s’ajouter pour faire apparaître une annexion politique ouverte comme désavantageuse. Selon la doctrine de droit international dite de la succession des États, qui a trait aux principes à observer pour le changement de domination étatique sur un territoire, il faut en effet, pour l’acquisition d’un territoire, non seulement que la population du territoire acquis obtienne la nationalité de l’État acquéreur, mais également que cet État assume nombre d’engagements de son prédécesseur, prenne en charge tout ou partie de la dette publique, etc. Ici aussi, le fait d’éviter l’annexion politique a l’avantage, juridiquement parlant, que les conséquences en termes de droit de succession des États sont éludées. À la place d’une telle succession, on a donc créé le système des droits d’intervention.

La conséquence de cette méthode est que des mots comme « indépendance », « liberté », « autodétermination », « souveraineté », perdent leur sens traditionnel. Le pouvoir politique de l’État contrôlé est plus ou moins sapé. Il n’a plus la possibilité de décider par lui-même de son destin politique en cas de conflit crucial. Il ne peut plus disposer de ses richesses économiques. Que le droit d’intervention de l’étranger ne soit exercé qu’exceptionnellement, si tout va bien, n’a pas d’importance. Ce qui est décisif, c’est que l’État dominé ou contrôlé ne trouve plus la norme déterminante de son agir politique dans sa propre existence, mais dans les intérêts et dans la décision d’un étranger. L’étranger intervient, quand cela lui apparaît conforme à son propre intérêt politique, pour maintenir ce qu’il considère être l’ordre et la sécurité, la protection des intérêts étrangers et de la propriété privée (c’est-à-dire de son capital financier), le respect des conventions internationales, etc. C’est lui qui décide de ces concepts indéterminés sur lesquels repose son droit d’intervention, et c’est pourquoi il tire de leur indétermination un pouvoir illimité. Le droit d’autodétermination d’un peuple perd de cette façon sa substance. L’étranger dispose de ce qui l’intéresse et détermine ce qu’est l’« ordre » ; ce qui ne l’intéresse pas, le reste, il l’abandonne volontiers au peuple dominé sous des noms comme souveraineté et liberté. […]

Ces méthodes modernes, qui évitent le terme de domination et préfèrent celui de contrôle, se distinguent en un point fondamental de l’annexion politique au sens ancien. L’annexé était naguère incorporé à travers l’annexion politique. Celle-ci n’a certes pas à être défendue comme un idéal, mais cela avait au moins l’avantage de la franchise et de la visibilité. Le vainqueur prenait également en charge, avec le pays et sa population, une responsabilité politique et une représentation. Le territoire annexé avait même la possibilité de devenir partie intégrante du nouvel État, de fusionner avec lui et d’échapper par ce moyen à la situation avilissante de simple objet. Tout cela est absent des méthodes modernes. L’État contrôleur s’assure de tous les avantages militaires et économiques d’une annexion sans avoir à en supporter les charges. Baty, un juriste anglais, exprime de la façon suivante une conséquence particulièrement intéressante de ces méthodes modernes : la population des territoires ainsi contrôlés ne doit disposer ni de véritables droits civiques, ni de la protection dont jouissent les étrangers et les non-nationaux. Ce qui se présente comme autorité étatique à l’intérieur du pays contrôlé est ainsi plus ou moins dépendant de la décision de l’étranger et n’est qu’une façade de sa domination, rendue invisible par un système d’accords.

Carl Schmitt in La Rhénanie, objet de politique internationale (1925)